Modernisation de l'agriculture irriguée et durabilité des ressources en eau dans le périmètre du Tadla au Maroc
Résumé
Les cultures irriguées de la plaine du Tadla dépendent principalement du grand périmètre irrigué de 100 000 ha géré par l'Office régional de mise en valeur agricole du Tadla (ORMVAT). Ce périmètre est alimenté par des ressources en eau de surface, et par des prélèvements individuels dans les nappes souterraines qui se sont multipliés depuis les années 1980 au rythme des sécheresses et des évolutions culturales. Les nouveaux besoins agricoles en eau, apparus après la libéralisation des assolements en 1996, et la réduction de l'offre en eau de surface ont favorisé la hausse rapide de ces prélèvements. Si le niveau global de la production agricole s'est jusqu'ici maintenu, la dégradation de la qualité de l'eau et la chute du niveau des nappes montrent aujourd'hui les limites de ce système et interrogent sur sa pérennité. Ce contexte de rareté de la ressource et d'accès conjoint aux ressources en eau superficielle et souterraine se rencontre dans de nombreux périmètres du Maghreb, mais aussi dans de nombreuses régions du monde. La Commission méditerranéenne du développement durable a proposé en premier lieu que le système soit fondé sur la gestion de la demande en eau et que soient mobilisés simultanément des instruments techniques, économiques et institutionnels. Deux scénarios techniques et économiques sont analysés. Ils correspondent à des améliorations des pratiques d'irrigation, par un planage des parcelles en irrigation gravitaire, ou par l'introduction de la micro-irrigation. Leurs effets sur la consommation d'eau sont étudiés, en s'appuyant sur la modélisation économique des exploitations agricoles de la zone (association polyculture-élevage, rˆole prédominant de l'élevage laitier) et leur mode d'accès à l'eau souterraine, le coût de l'eau consommée étant fonction de la source et de l'équipement. Les résultats montrent que ces innovations (introduction d'un planage régulier ou équipement en micro-irrigation) peuvent effectivement conduire à des diminutions substantielles des prélèvements de la nappe. Cependant, ces techniques ne sont pas couramment adoptées par les agriculteurs, des facteurs de freins ou de blocage restent à identifier. Des instruments économiques peuvent influencer ces évolutions (en particulier pour faire baisser la consommation d'eau souterraine) en les rendant plus attractives pour les producteurs, et assurer ainsi leur diffusion.
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte
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