Construction de la surexploitation et reproduction des inégalités d’accès et d’usage des eaux souterraines : Cas des exploitations agricoles dans le Saïss (Maroc) - CIRAD - Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2017

The construction of overexploitation and the reproduction of inequalities in the access to and use of groundwater : A case study at the farm level in the Saïss (Morocco)

Construction de la surexploitation et reproduction des inégalités d’accès et d’usage des eaux souterraines : Cas des exploitations agricoles dans le Saïss (Maroc)

Fatah Ameur

Résumé

In many semi-arid regions, groundwater use enabled agricultural intensification through so-called green revolutions. This intensification enabled farmers to mitigate the lack of water and generate more wealth. However, this also induced riskier pathways due to high production costs and volatile agricultural markets. This also caused overexploitation of groundwater resources in many areas, putting at risk the sustainability of the “groundwater economy” (GWE). New inequalities thus appear, as certain social categories cannot follow the declining water tables. The aim of this thesis is to analyze how the construction of overexploitation and the reproduction of inequalities in the access and the use of groundwater are mutually reinforcing. We adopted a “user perspective” in our research approach, as this perspective received little attention in the international debate on groundwater governance. The study was carried out in a small area of 4200 ha in the Saïss plain in Morocco. First a method was developed to specify the contributions of different social categories of farmer to overexploitation. Then the link between overexploitation and inequality was analyzed. The impact of both issues on the socio-economic differentiation of farms was then studied. Finally, a participatory approach was developed to involve farmers and institutional actors in a reflection on the agricultural future of the zone facing the twin problem of overexploitation and inequality. The results show the importance of direct measurement of groundwater withdrawals, in addition to indirect methods, to explain differences in irrigation practices. These measures specify the contributions of the different social categories of farmers to overexploitation, of which currently the entire agricultural sector is accused. The study shows that overexploitation cannot be dissociated from inequalities in access to and use of groundwater, both problems are part of a vicious cycle. Groundwater overexploitation exacerbates -and is exacerbated by- existing inequalities. This reciprocal relation explains the contrasting fortunes of farmers involved in the GWE in the Saïss. New investors are accumulating wealth by cultivating state-subsidized fruit trees and engaging in a land concentration process. Lessees show productivistic logic and generate considerable revenues at the expense of water and soil resources. Conversely, the assignees of the agrarian reform are ejected from this GWE, sometimes even poorer than they were before accessing it. They are caught in a centrifugal dynamic where the most vulnerable undergo socio-economic exclusion due to declining water tables and overproduction undermining the prices on the market, for which they are not responsible. Since financial capital has become the key factor in production systems under the GWE, the agrarian boom benefits farmers/entrepreneurs who are financially capable of bringing together all production factors. They are likely to continue intensive and high value-added agriculture, perhaps until the resource is depleted. Finally, our study questions the implications of such agricultural dynamics at the territorial scale through an intergenerational debate on the challenges to be overcome. The study revealed the entrepreneurial spirit of the sons of assignees coupled with a territorial anchorage, which could well constitute major assets for a more sustainable development of their territory. The thesis recommends making visible the inequalities related to the overexploitation problem. Knowing the amounts of extracted groundwater, where, and by whom, and clarifying the links between overexploitation and inequalities in access to and use of groundwater could provide useful information for more informed groundwater management in compliance with the principles of sustainability.
Dans beaucoup de régions semi-arides, l’exploitation des eaux souterraines a accompagné une intensification agricole du type révolution verte, permettant aux agriculteurs de pallier le manque d’eau et de produire des richesses. Mais cela les a aussi amené sur des trajectoires risquées avec des coûts de production élevés et des marchés agricoles volatils. Cela s’accompagne d’une surexploitation courante mettant à risque la pérennité d’une véritable économie agricole basée sur les eaux souterraines. Certaines catégories sociales ne peuvent plus suivre les nappes en déclin et de nouvelles inégalités apparaissent. L’objectif de la thèse est d’analyser comment la construction de la surexploitation de la nappe et la reproduction des inégalités d’accès et d’usage des eaux souterraines se renforcent mutuellement. Nous avons choisi de mettre l’usager au centre de l’approche, puisqu’une telle perspective a reçu peu d’attention dans le débat international sur la gouvernance des eaux souterraines. L’étude s’est déroulée dans une zone de 4200 ha de la plaine du Saïss au Maroc. Nous avons développé une méthode pour préciser la contribution des différentes catégories sociales d’agriculteurs à la surexploitation des nappes. Puis nous avons étudié le lien entre la surexploitation et les inégalités (re)produites. Par la suite, nous avons analysé leur effet sur la différentiation socioéconomique des exploitations agricoles. Enfin, nous avons conçu et mis en oeuvre une démarche participative pour impliquer les agriculteurs et les acteurs institutionnels dans une réflexion sur l’avenir agricole de la zone confrontée à cette double problématique. Nos résultats montrent l’importance de la mesure directe des prélèvements d’eau souterraine, en complément des méthodes indirectes, pour expliquer les différences des pratiques d’irrigation des usagers. Ces mesures précisent les contributions des différentes catégories d’agriculteurs à la surexploitation, habituellement imputée à tout le secteur agricole. L’étude montre que la surexploitation ne peut être dissociée des inégalités d’accès et d’usage des eaux souterraines, les deux problèmes s’entretiennent en un cercle vicieux. Cette relation réciproque explique les fortunes contrastées des agriculteurs duSaïss utilisant l’eau souterraine. Les nouveaux investisseurs accumulent des richesses en cultivant des arbres fruitiers subventionnés par l’État et s’engagent dans un processus de concentration foncière. Les locataires avec des logiques productivistes réalisent des revenus considérables au détriment des ressources en eau et en sol. A contrario, les anciens attributaires de la réforme agraire sortent de l’agriculture irriguée, parfois plus pauvres qu’ils n’étaient en accédant à l’eau souterraine. Pris dans une dynamique centrifuge, les plus vulnérables subissent une exclusion socio-économique à cause de la baisse des nappes et la surproduction minant les prix sur le marché, dont ils ne sont pas responsables. Le capital financier étant devenu le facteur clé dans les systèmes de production irriguée, ce boom agraire profite à des agriculteurs entrepreneurs, capables de réunir les facteurs de production. Ceux-ci continueront à exercer une agriculture intensive à forte valeur ajoutée, peut-être jusqu’à l’épuisement de la ressource. Enfin, l’étude interroge les implications de telles dynamiques agricoles à l’échelle territoriale par l’ouverture d’un débat intergénérationnel sur les défis à venir. L’étude a dévoilé l’esprit entrepreneurial des jeunes fils d’attributaires couplé à un ancrage territorial, qui pourraient constituer des atouts majeurs pour un développement plus durable du territoire. La thèse recommande de rendre visibles les inégalités afférentes au problème de surexploitation. (Suite et fin du résumé dans la thèse)
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Identifiants

  • HAL Id : tel-01559544 , version 2

Citer

Fatah Ameur. Construction de la surexploitation et reproduction des inégalités d’accès et d’usage des eaux souterraines : Cas des exploitations agricoles dans le Saïss (Maroc). Hydrologie. AgroParisTech; Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (Maroc), 2017. Français. ⟨NNT : 2017AGPT0009⟩. ⟨tel-01559544v2⟩
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